“…un pinceau avec des plumes d’oiseau…”/”…a paintbrush with bird feathers…”

“…un pinceau avec des plumes d’oiseau…” –

J’ai tiqué au cours de ma revue de presse matinale. À Abou Dhabi, l’ineffable président de la République a mis Dostoïevski à contribution – excusez du peu – pour une envolée lyrique  selon laquelle “la beauté sauvera le monde.” Offrons donc nos meilleurs voeux à la beauté car elle a fort à faire. Sans même s’attarder sur les zones les plus ravagées de  la planète, le trajet de l’aéroport d’Orly à celui de Charles-de-Gaulle met déjà le lyrisme en sourdine. Asphalte, grisaille, saleté et bien le bonjour aux trompettes de l’allégresse.

On me pardonnera donc de préférer les paroles d’une Zehra Dogan qui, elle, parle de ce qu’elle connaît vraiment. Dimanche, Zehra s’est vue attribuer le “Freethinker Prize” suisse et deux journalistes de Kedistan y étaient pour partager quelques unes de ses paroles avec l’auditoire. Les journalistes y étaient parce que Zehra, elle, est en prison pour le terrible crime d’avoir écrit, peint et photographié de la beauté assassinée.

Lisez ses mots. Regardez ses oeuvres. Consultez le dossier.

La beauté, c’est autrement plus robuste, et ça mérite drôlement mieux que les petites citations arrachées à leurs auteurs et servies comme autant de bouchées avant les discussions sérieuses sur les contrats d’armements.

 

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“…a paintbrush with bird feathers…”

I flinched during my morning press review. In Abu Dhabi, the ineffable Président de la République française roped in Dostoyevsky – no less- for a lyrical flight on the theme “beauty will save the world”. Here’s offering our best wishes to beauty for it has a lot of work on its plate. Without delving into the more ravaged zones on the planet, the trip from Orly to Charles-de-Gaulle airport already puts a damper on lyricism. Asphalt, grey dinginess – so much for the trumpets of elation.

I will therefore be excused for preferring the words of a Zehra Dogan who speaks of that which she knows. On Sunday, Zehra received the Swiss 2017 Freethinker Prize   and two journalists from Kedistan were on hand to share some of her words with the audience. The journalists were there because Zehra is in jail for the terrible crime of writing about, painting and photographing assassinated beauty.

Read her words. Look at her works. Consult the dossier.

Beauty is way more robust and deserves a lot better than little quotes ripped away from their authors and served up like so many bouchées prior to serious discussions about weaponry contracts.

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