doucement/gently

 

doucement –

L’ image qui me vient est celle d’un chandail, tricoté avec des points compliqués. Un chandail que l’on veut détricoter afin d’utiliser la laine dans un modèle différent. Il faut procéder lentement pour relâcher les points et permettre à la laine de se démêler sans se briser ni se mettre en nœuds inextricables.

Lire   Hannah Arendt est comparable, à bien des égards.

Vu l’époque, vous serez peut-être tenté de me dire gentiment qu’à  détricoter doucement un vieux chandail, je risque de me retrouver avec un vêtement inutilisable au milieu de diverses éruptions mondiales. Vous avez peut-être raison. Mais vous avez peut-être tort aussi. De toute façon, je suis une anonyme dans une petite ville, loin de tout ce qui s’appelle des “cercles d’influence”. Et comprendre la structure des situations  m’a toujours paru une étape essentielle, même lorsque confrontée à des événements déclenchés par ceux qui refusent d’en faire autant.

Dans mon écriture personnelle, j’applique le “principe” suivant, si l’on peut lui donner un nom pareil:

“Savoir ce que quelqu’un mange et boit, qui il aime, ce qu’il fait durant ses loisirs, qui sont ses interlocuteurs, s’il sourit ou s’il a la mine sombre, ce qu’il lit, quels sont les tableaux qu’il accroche à ses murs –voilà la forme qu’adopte aujourd’hui le combat politique en Allemagne. C’est là le champ où se décident d’avance les batailles de la future guerre mondiale.”

C’est dans un livre par Sébastian Haffner, intitulé Défier Hitler. J’en parlais ici le 27 août 2017 et quelqu’un de par le vaste monde semble être tombé sur l’article, il y a quelques jours de cela. Je l’en remercie, la référence me paraît tout à fait à propos.

Demain, je reviendrai plus longuement sur le livre d’Hannah Arendt Qu’est-ce que la politique?.

gently –

The image that comes to me is of a sweater, knitted in intricate stitches. A sweater you want to unknit in order to use the wool in a different pattern. You have to proceed slowly to loosen the stitches and allow the wool to unravel without breaking or getting snarled in inextricable knots.

In many ways, reading Hannah Arendt is something like that.

Given the times, you may wish to tell me kindly that  gently unraveling an old sweater will leave me holding an unusable item while the world erupts in various ways.

You may be right. Then again, you may be wrong. In any case, I am a nobody in a small town, far from any so-called “influential circles”. Understanding the structure of issues always struck me as a necessary step, even when faced with events unleashed by those who refuse to do so.

And in my personal writing, I apply the following “principle”, if you want to give it a fancy name: ”

“Knowing what someone eats and drinks, who he loves, what he does in his leisure time, who are his interlocutors, if he smiles or scowls, what he reads, what artwork he hangs on his walls – that is the shape adopted nowadays by the political battle in Germany. That is the field on which are decided in advance the battles of the future world war.”

Sebastian Haffner wrote this in Defying Hitler. I talked about it on this blogpost  on August 27 2017. Someone out in the big world came across that post a few days ago. I thank him or her for dredging it up because the reference strikes me as timely.

More about Hannah Arendt’s The Promise of Politics tomorrow.

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